30 août 2008.

Madame, Monsieur,

Avant toute chose, je tiens à remercier vivement les malheureusement trop rares bénévoles présents sur le GRP. Ils ont tentés tant bien que mal à pallier aux lacunes de l’organisation par leur gentillesse et leur débrouillardise.

Les remerciements faits, place aux critiques : quel fiasco !

Je voudrais surtout insister sur le côté sécurité et danger. En s’inscrivant à des épreuves telles que le GRP, nous cherchons à nous mesurer face à nous même, et à repousser nos limites. Nous ne cherchons pas le danger. Celui qui veut du danger va à Kho-Lanta ou autre émission du genre.
Votre organisation est défaillante, sur de nombreux points. Principalement sur les questions de sécurité. C’est inadmissible.

Traileur sans prétention (en général je finis 30% derrière les meilleurs), je n’avais jamais abandonné en compétition que ce soit à pied ou en ski-alpinisme avant ce grand raid des Pyrénées. Et ce quelle que soit la distance, le dénivelé ou la longueur de l’épreuve. Certes, je n’avais jamais bouclé d’Ultra avant mon inscription à votre course, cependant avec l’expérience acquise tout au long des épreuves auxquelles j’ai participés, je me connais suffisamment pour gérer mon effort et aller au bout des épreuves auxquelles je m’inscris et pour lesquelles je me prépare au mieux. Excepté blessure ou imprévu bien sur.

J’ai abandonné à mi-parcours pour des raisons de sécurités et un raz le bol généralisé alors que je me sentais dans un état de fraicheur (relatif) qui me permettrait, du moins je l’espère, de boucler l’épreuve.
J’ai abandonné à mi-parcours de peur de repartir pour 30h00 de course. 30h00 de galère. A la recherche des balises pendant la seconde nuit, sans ravitaillement ou point de secours qui tiennent la route. J’ai abandonné car je ne me sentais plus en sécurité.
J’ai eu peur de laisser énormément de plumes dans ce GRP si je vous confiais ma peau…

Votre organisation est défaillante. Sur de nombreux points. Certains inadmissibles pour une course de cette ampleur ! Il en va de la sécurité des gens que vous envoyés au casse pipe !

Le balisage :
Tout commence par là. Foireux du début jusqu’à la fin. Il manquait un nombre incalculable de balises. Vous me direz que vous avez été « victime » de débalisage. Il est possible que quelques balises aient été enlevées dans le secteur du lac de l’Oule. Cependant, le travail des débaliseurs aura été rendu extrêmement facile par la pauvreté du marquage. Nous avons passé une nuit et une journée complète à la recherche de balises. A chaque croisement, obligé de réfléchir, de faire demi-tour ou de chercher la confirmation de la direction à suivre. Je me suis retrouvé en tête d’un groupe d’une quarantaine de coureur en pleine nuit, à la recherche de la balise suivante. Chance que ma Myo XP possède une fonction booster pour éclairer à quelques 97 mètres… Dans ce secteur, il manquait 2 balises sur 3. Et aucunement question de débalisage. Pour qu’il y ait du débalisage, il faut qu’il y ait eu du balisage préalable…

En principe un balisage doit se faire à tous les croisement sans exception : 15 ou 20 mètres avant le croisement : une balise pour rappeler que c’est le bon chemin. Au croisement : un balisage clair et précis de la direction à prendre. Et pas des points de peinture, ou autres qui ne veulent rien dire. (Exemple : à la descente du Pic de Cabaliros : de la rue-balies pour protéger une marre (gros rire)… puis plus rien pendant plusieurs centaines de mettre. Impossible de savoir s’il faut continuer sur le chemin, ce qui est normalement la conduite à tenir ou descendre à droite, à travers tout, sans a moindre balise !!!)
Il ne doit pas y avoir de réflexion de la part du coureur. Quelques mètres après le croisement, une nouvelle balise pour confirmer que la direction est la bonne.
Le balisage doit être cohérent et immuable tout au long de la course.

Aucun bénévoles aux endroits stratégiques.

Il n’y avait aucunes informations claires pour la traversée des villes. Nous nous sommes retrouvés en plein trafic à Cauteret, sans barrière de protection, sans personne pour bloquer la circulation et faire traverser les routes en toute sécurité. Idem à l’attaque du Col après Cauteret. Idem à Soulom, le long d’une 4 voies rapide… Inimaginable.
Avec la fatigue et l’effort, le cerveau est moins alerte. Dans les bois, ou en montagne, les dangers sont moindres. En ville, le danger est partout et imminent. Les automobilistes ne peuvent pas se douter que les coureurs sont moins vigilent.
Il s’agît d’une course organisée. Pas d’un raid aventure en autonomie.

Le Road Book :

Foireux également : je vous cite : « A la sortie de la forêt, il faut laisser à gauche une baraque en tôle rouillée et un laquet (2100m) et prendre plein sud. » Alors qu’en réalité, il faut prendre plein nord !!!! … de nuit, sans carte IGN et sans connaissance du secteur, cette information est capitale !
Ou encore : « Il faut suivre la rive du lac vers la gauche… » En réalité, on passe complètement à droite du lac…

De plus, il semble que c’était la guère entre les différents groupes de balisage avec des réflexion de ce genre : « … ha, ça, ce n’est pas mon secteur. Chez nous, aucun problème…. »

Dans une course comme celle-ci, les coureurs doivent pouvoir se concentrer sur leur effort, et leur souffrance. Rien d’autre. Si nous devons gérer nos ravitaillements, le balisage, le roadbook, etc… ce n’est plus un ultra-trail ou raid. C’est un raid en autonomie, avec GPS, vivres, cartes IGN etc… Ce n’est absolument pas ce qui avait été défini dans votre cahier des charges.

Temps de passages :

Fantaisistes.

Quelle rigolade. La personne qui a repéré le parcours n’a certainement jamais mis les pieds dans les secteurs de nuits !!!!
Comment expliquez-vous que le meilleur ait boucle l’épreuve avec 7h00 de retard ???
En connaissant mes capacités, je m’étais planifié un ordre de marche très large. Après la première nuit, j’étais déjà plus de 30% en retard sur celui-ci. Ce qui allait me faire au total une course de près de 50h00.
Bref, impossible de planifier sa course et de prévoir ses propres ravitaillements, temps de repos etc… ingérable.
Les Ravitaillements :

Hyper lights.

Ok, sympa les bananes, les figues, et le camembert-jambon baguette pour une courses de quelques heures. Par contre, c’est plus qu’insuffisant pour un ultra.
Le premier aliment solide et chaud proposé aux concurrents se trouvant au Km 86,6 soit après plus de 20h00 de course pour nous, et jamais pour les nombreux coureurs ayant abandonné bien avant.
Beaucoup trop espacés. Il est inadmissible et même dangereux d’envoyer en montagne des coureurs sur des étapes de plus de 5h00 !!! Cauterets – Turon de Benne (+ 1409m, - 785m et près de 14km) Pas une goûte d’eau et ce en plein cagnard. Nous avons mis plus de 6h00 entre Cauterets et Villelongue sans aucun ravito digne de ce nom (excepté les 3 figues et 2 bouts de cakes se battant en duel a Turon de Bene sur une table en plein soleil).
Pour rappel, la consommation moyenne horaire d’eau conseillée varie entre 75cl et 1l. Bref, même avec un Camel Bag de 2 litres et 2 bidons, il manque près de 3 litres d’eau pour cette étape.
Aucun produit énergétique à aucun moment. Anormal. Je ne connais aucune course digne de se nom sur laquelle on ne trouve pas un gentil sponsor trop content de faire sa pub.

Les secours :

A aucun moment j’ai vu de poste de secours de la croix rouge ou autres. Comment seriez vous intervenu en cas de problème par exemple lors de la descente du pic de Cabaliros ?
Qu’auriez-vous fait en cas de mauvais temps ? J’imagine 200 coureurs arrivant à Luz en fin de nuit, dans un hall omnisport privé d’électricité et de gaz avec en tout et pour tout un seul lit de camp pour tous… Inadmissible.

Aucun moyen pour prévenir en cas de problème. Non seulement vous n’aviez pas laissé de numéros de téléphone pour vous joindre, mais en plus, il y avait de trop nombreux passage sans réseau téléphonique. Dans ces cas-là, l’organisation est tenue de fournir une radio. Vous êtes responsables !
Je me demande d’ailleurs si vous aviez la moindre idée de où se trouvaient vos coureurs pendant la course et combien de participant vous alliez retrouver aux différents ravitos. Quand je vois sur le tableau récapitulatif avec les temps de passage des coureurs et la mention « pas vu », je prends peur. J’ai pris soin de pointer à chaque contrôle et pourtant il y plusieurs postes où on ne m’a « pas vu… »
Vous connaissez les dossards électroniques ?

Les infrastructures :

Insuffisantes. Comme le reste : salle pour le briefing trop petite que pour laisser rentrer tous les concurrents. Le top étant à Luz : pas d’électricités, pas de gaz pour chauffer la soupe un seul lit et 3 pauvres chaises. Pour rappel, nous sommes en fin de nuit…
Une seule douche à Villelongue pour 230 concurrents…Heureusement que plus de 80% des coureurs ont décidés d’abandonner à mi-parcours.

Le sac de change amené à mi parcours. Honteux. Avoir de quoi se changer après 20h00 de course n’est pas acceptable. Initialement, le gros ravitaillement était prévu au km 60 et non pas 86. Pourquoi ce changement ? Nous devions avoir de quoi nous changer après le nuit : à Luz.
Attaquer la journée en long, avec la polaire dans le sac n’est pas normal.

A certain poste de ravitaillement, vous avez tout bonnement posé les pacs de Cristalline derrière une cabane de remontée mécanique. En plein cagnard. Nous avons du avec d’autres coureurs déplacer les pacs d’eau pour les mettre à l’ombre pour les suivants. Mais où est-on ????

Le parcours :

Insensé.

Il semble que vous ayez voulu faire de la surenchère avec l’UTMB. Faire un parcours hyper exigeant. Le trail de la mort qui tue ! Quel est l’intérêt ?
Fond de vallée - sommet - fond de vallée. Et ce droit dans la pente, à la montée comme à la descente. Et le tout sur des sentiers impraticables, hyper technique. Pas un sentier roulant pour faire avancer un peu le parcours. J’ai pu courir 1 ou 2 heures sur les 20 premières heures de la première partie de course soit disant la plus roulante. Je n’ai jamais couru aussi lentement et en perdant autant d’énergie. Nous avons tous laissé beaucoup d’énergie pendant la nuit. Beaucoup trop pour à peine 40 km…
Un des organisateurs m’a rétorqué que les parcours étaient disponibles sur Internet et que je n’avais qu’à mieux me renseigner. Je sais lire une carte te un topo. Par contre, de là à imaginer ce que vous nous avez réservé… Je connais bien les Pyrénées. Il existe des chemins forestiers intéressants.

Des km de route pour attaquer un col : super en chaussure de trail. Du jamais vu !

Partenariats, Sponsoring-Marketing.

Rien ni personne. Pas un sponsor à part «Cristalline »… Pas une affiche, pas de communication. Pas grand monde dans la région étant au courant de l’événement. De la bouche du patron du café de la place de Vieille Aure (ville de départ !!!): « j’ai appris il y a deux jours qu’il y avait une course. C’est quoi exactement ? » Idem à l’hotel : A part 2 ou 3 notes griffonnées datant du jour, aucune info quant au lieu de brifieng, d’inscription, etc…

Où étaient les élus locaux ? les municipalités ? les forces de l’ordre pour sécuriser les passages routiers ?
Quid du conseil régional ?
Où étaient les bénévoles ? Pour info : UTMB = 1300 bénévoles. En aviez vous 10% ?
Où étaient les écoles de Kiné ? les podologues ?

Généralement je ne cours pas après les grandes marques. Mais ici, force est d’avouer que pour construire un événement de l’ampleur d’un ultra, vous avez besoin de leur aide. Ne serait-ce que pour offrir aux coureurs un T-shirt digne de ce nom. Honteux ce T-shirt à 2 euros, souvenirs des cross sur route des années 80…

Vous n’avez réussi à fédérer personne derrière votre événement. C’est un signe. Même les locaux ne se sont pas passionnés pour la course.
Cependant, il est impossible de ressentir tout ça pour nous à 800km de distance derrière votre façade Internet (très bien réussie cela dit)

Météo :

Enfin un point parfait. Malheureusement cette réussite ne vous incombe pas.
Quelle chance ! Grand beau.
Que se serait-il passé en cas de mauvais temps ? Ou simplement d’une petite pluie faisant dégueuler les torrents dans lesquels vous nous avez fait passé ? Où serions nous passé dans les marécages entre Tournaboup et Luz ?
Comment serions nous redescendu du Pic de Cabaliros en cas de brouillard comme il en arrive si souvent à cette altitude et à cette époque dans les Pyrénées ?
Je ne me suis jamais senti aussi en insécurité sur une épreuve. Même en hiver en haute montagne sur des épreuves de ski-alpinisme (Pierra-Menta, Patrouille des Glaciers…), il y a moins de risques.

Soins :

Inexistant.
Pour un événement de cette taille, vous êtes obligé d’avoir le support d’une école de kiné pour les massages. Et de podologues pour les petits bobos en cours de courses.

J’en viens à vous demander à quoi on servi les 100 euros versés pour l’inscription. Ey surtout les 25.000 euros de l’ensemble des coureurs !!! Je joins d’ailleurs un RIB à cette lettre pour que vous me remboursiez les frais d’inscriptions.


Une course comme celle-ci nous coûte cher. Nous le savons. Courir est notre passion. Vous voulez le détail : à la grosse louche :
Aller-retour en voiture (Haute Savoie) : 400€.
Hôtel, 2 nuits pour madame : 110€.
Inscription : 100€
Gels, barres et autres boisson énergétiques : 100€
Un peu de matos…


Cette course était l’objectif de ma saison.
Fiasco total. Non pas par un manque de préparation de ma part, mais bien par des lacunes énormes dans votre organisation.

Le fait que c’est la première édition ne peut malheureusement pas excuser grand-chose. Votre logistique générale est trop faible. Le nombre de personne compétente est extrêmement faible. Et votre ambition démesurée.
Résultat : 190 abandons pour 239 inscrits. Plus de 80% !!! En discutant avec les coureurs, il me semble pourtant que vous n’aviez pas affaire à des coureurs inexpérimentés. En effet, l’inscription se faisait sur dossier. Que des grands noms dans la bouche des coureurs : UTMB, Templiers, 6000D, Marathon des Sables, Grand Raid de la Réunion, …, Sky Race, Glaciers de la Vannoise… Et tous finisher…

Comme je vous l’ai dit en début de cette lettre, ce qui me met le plus en colère est le fait que je me suis senti en danger tout au long de la moitié de votre épreuve. Je pense que vous avec eu beaucoup de chance qu’aucun accident de ne se produise.

En résumé des points de sécurités négligés : balisage, surtout la partie de nuit, les postes de secours, la possibilité d’appeler des secours dans les endroits périlleux, les ravitaillements en eau, la sécurité au passage des routes.

Normalement une lettre comme celle-ci devrait se vouloir constructive. Elle ne l’est pas. Tout ce que j’espère, c’est que vous laissiez la place à d’autres pour organiser un vrai grand trail dans les Pyrénées.

Et je souhaite également récupérer les 100 euros d’inscriptions. Par définition, si nous avons des droits d’inscription à payer, vous avez des devoirs d’organisateurs à tenir…

Sportivement.

Mike

NB : je mets en ligne un petit blog sur Internet (http://grp-reaction.blogspot.com) pour obtenir les échos des autres concurrents puisqu’il semble, aux dire d’un des organisateurs que « je sois le seul à être mécontent et à gueuler ». A gueuler, c’est possible. A être mécontent… N’hésitez pas à mettre le lien de ce blog en ligne sur votre site pour avoir les échos du reste des coureurs.
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